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10 novembre 2008

Maurizio Lazzarrato : Le Gouvernement des inégalités




Les néolibéraux ont bel et bien une politique sociale. La société est, avec le néolibéralisme comme le keynésianisme, la cible d'une intervention permanente. Ce qui a changé, ce sont les objets et les finalités de cette intervention. Il s'agit d'établir un état d' "égale inégalité" et de "plein emploi précaire". De ce gouvernement par l'inégalité, qui traite chaque individu, chaque travailleur considéré isolément, comme une entreprise, se dégage des peurs différentielles qui touchent tous les segments de la société néolibérale et qui en constituent le fondement affectif.

Parce qu'elle refuse de se confronter aux effets de pouvoir de la protection sociale et ne prétend que défendre les acquis sociaux, la gauche est impuissante face à cette politique. Pour sortir de cette impasse, il lui faut maintenant apprendre à agencer les luttes pour les droits, les luttes sur le terrain de la représentation politique ainsi que les luttes économiques aux luttes pour se gouverner soi-même. Autrement dit, il est urgent d'articuler, au lieu de les opposer, la "critique sociale" et la "critique artiste".

Sociologue indépendant et philosophe, Maurizio Lazzarato vit et travaille à Paris où il poursuit des recherches sur le travail immatériel, l'éclatement du salariat, l'ontologie du travail et les mouvements "post-socialistes". Il a notamment écrit Puissances de l'invention. La psychologie économique de Gabriel Tarde contre l'économie politique (2002) et Intermittents et Précaires (avec Antonella Corsani, 2008).

17 juillet 2008

Antonella Corsani et Maurizio Lazzarato : Intermittents et précaires

Depuis 1992, les Coordinations des intermittents du spectacle se sont construites autour d’un constat et d’une revendication : la discontinuité de l’emploi qui caractérise le secteur du spectacle concerne un nombre grandissant de travailleurs et pas uniquement les artistes et les techniciens du cinéma, du théâtre, de la télévision, du cirque, de la danse, etc. Pour combattre la précarisation et la paupérisation de couches de plus en plus importantes de la population, le régime de l’intermittence doit être élargi à tous les travailleurs soumis à la flexibilité de l’emploi.
Mais c’est avec le mouvement social qui a marqué la scène politique de juin 2003 à avril 2007 que, pour la première fois, le mot « précaire » fait son entrée dans l’espace public. Les intermittents en lutte assument, jusque dans le nom qu’ils se donnent, le fait d’être à la fois « intermittents » et « précaires».
La Coordination des Intermittents et Précaires a ainsi porté à un niveau supérieur le conflit en le déplaçant sur un terrain politique.
En démontrant que le travail déborde l’emploi, que le temps de chômage est aussi un temps d’activité, que ces activités restent invisibles à l’entreprise et aux institutions, les intermittents se battent pour des « nouveaux droits sociaux », pour la continuité des droits et du revenu en situation de discontinuité de l’emploi, plutôt que pour l’emploi à plein temps.

Ce livre retrace la genèse, les développements et les résultat d’une recherche qui a été le fruit d’une coopération et d’une coproduction entre « savants » et « profanes », entre des chercheurs universitaires et les militants des collectifs et des coordinations.